''Je donne et je reçois''


''Je donne et je reçois''

L’Appel de la rencontre de l’Autre remonte à l’époque où on avait, les dimanches après-midi, des émissions de l’Unicef et Vision Mondiale. Je n’avais que 8-9 ans. Je pouvais passer des heures à regarder ces émissions attentivement, et, mon p’tit cœur d’enfant souhaitait juste être là, avec eux… Être avec. Voilà pourquoi je souhaite, du plus profond de mon cœur, devenir missionnaire laïque. La mission pour moi c’est un pont. Les missionnaires sont des constructeurs de ponts d’Amour entre différents pays, différentes cultures, religions, coutumes et valeurs…

C’est mon pays, ma province, ma région, ma famille, mes amis(es), ma culture, ma langue, et, les valeurs de l’Évangile qui rempliront mes valises. Aussi, à chaque fois, c’est enrichie de la culture et des valeurs de l’Autre que je reviendrai ici, chez-moi, partager mes richesses avec vous…

D'où le nom de ''Mission Boomerang''


2013-07-14

Pleurer pour trois patates…


Il y avait une gentille jeune fille sidéenne, Nelly, que j’aidais du mieux que je pouvais grâce aux dons reçus par mon réseau de soutien Mission Boomerang. Avec sa permission, j’avais mis des photos d’elle, très malade, sur mon réseau espérant recevoir encore un peu d’aide pour l’envoyer dans un bon hôpital à Nairobi. J’étais désespérée de la voir ainsi.
 
À ma grande surprise, Patxi Izulain, membre de la Fondation Espagnole José-Luis-de-Baruetta, (avec laquelle mon ami  Claude de la Chevrotière, missionnaire laïque au Kenya, travaille pour la cause du SIDA), me suivait sur mon réseau Mission Boomerang. Grâce à lui, la Fondation a pris Nelly en charge financièrement. Elle a pu enfin recevoir les soins nécessaires à sa condition de santé, mais, malheureusement, il était trop tard. Elle est décédée au Coptic Hospital de Nairobi le 23 mars dernier.
 
J’étais dévastée et fâchée. Pourquoi est-ce que Dieu répond à ma prière mais prend quand même Nelly par la suite? Il n’avait qu’à la prendre avant tout cela! À quoi ça mène? Il y avait certainement une raison, mais je ne comprenais pas. Ce n’est que la journée de l’enterrement de Nelly que j’ai tout compris. Je me suis rendu compte de l’impact de mes efforts pour essayer de sauver Nelly sur les gens de Namanga.
 
Ils m’ont vue pleurer, avoir de la peine et prier pour leur enfant, pour l’une des leurs... C’est alors que j’ai senti qu’ils (majoritairement elles, les mamas) m’ont pris sous leurs ailes. Ils m’ont tous entourée, consolée, embrassée et aimée. C’est depuis le décès de Nelly que je sens qu’ils m’ont réellement et généreusement adoptée, sans attendre rien en retour.
 
Chaque samedi matin il y a des groupes de prières (Jumuya) à Namanga. Les gens se rencontrent par petits groupes, dans leur maison, pour échanger sur la Parole de l’Évangile ainsi que sur d’autres sujets concernant la communauté. Peu après le décès de Nelly, ils ont décidé que le jumuya serait chez-nous, les missionnaires laïques! Ils sont habituellement entre 4 et 8 personnes par maison, mais, ce matin-là, nous étions une vingtaine dans notre unique petite pièce! À la fin de la rencontre je leur ai demandé s’ils accepteraient de chanter une prière pour les deux sœurs de ma mère qui allaient se faire opérer dans la semaine. Je leur ai dit que j’allais les filmer et envoyer la vidéo à ma maman qui s’inquiétait pour ses sœurs. Ils ont gentiment accepté et je les ai sincèrement remerciés d’avoir offert ce cadeau à ma mère au Canada. Encore une fois, je n’avais aucune idée à quel point ils avaient été touchés de ma requête.
 
Le lendemain matin, après la messe, une gentille et jolie mama qui était présente au jumuya chez-moi le matin d’avant, s’est approchée de moi. Elle avait un sourire radieux, des lumières dans ses yeux, et, elle tenait un sac dans les mains. Elle m’a prise dans ses bras, m’a serrée très fort, m’a embrassée et m’a dit : ‘’J’ai un cadeau pour toi. Pour te remercier d’être qui tu es et d’être ici avec nous.’’ Elle m’a donné le sac qui contenait trois grosses patates douces. Cette pauvre femme était tellement contente de me donner ces trois patates! Et moi, qui ne manque de rien, qui sait ce que cela représente pour elle de donner de la nourriture, vous dire à quel point j’étais contente de les recevoir.
 
Il est vrai que j’ai la larme facile, mais, je n’aurais jamais pensé un jour pleurer de joie d’avoir reçu des patates en cadeau. Moi qui ne suis même pas une mangeuse de patates!

Cette femme ne le sait pas et serait certainement très surprise si elle apprenait que ces trois patates qu’elle m’a offertes sont l’un des plus beaux cadeaux que j’ai reçu de toute ma vie.
 

Merci la Vie...

Coup de cœur...
 


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